dimanche 27 janvier 2013

Dans la tour de Londres

"Dans la prison de Londres, Tam-ti-di-li-di-dam, ti-di, Tam-ti-di-li-di-dam"
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Étrangement, cette chanson (à répondre?) m'est partiellement revenue en tête lors de ma visite de la Tour de Londres, puisque justement, ce château est essentiellement connu comme une prison. Je ne me souviens plus pourquoi cette chanson est en fait en français, ni s'il y a une version anglaise à son origine, mais je me souviens que ça jouait à la radio dans ma jeunesse.
Certains trouveront étrange que je mette les pieds dans la Tour de Londres pour la première fois... alors que j'ai passé 5 jours en visite à Londres en 2003 et une douzaine de jours à Londres et dans le sud de l'Angleterre en juillet 2008. J'avais évidemment déjà vu la Tour de Londres, et parcouru son extérieur, de même que la vue que l'on en a de divers endroits de la capitale. Toutefois, c'était la première fois, en décembre dernier, que j'y entrais. C'est qu'à 20 livres sterling la visite, l'affaire est plutôt chère pour le voyageur sur un budget de backpacker. En 2003, ce genre de dépense aurait gruger deux jours entiers de mon budget de voyage, alors il était impossible de me payer une telle visite, surtout en début de voyage, sans savoir quel genre d'imprévus peuvent se produire. En 2008, j'ai préféré mettre mon budget sur d'autres visites - comme me rendre à Stonehenge, Salisbury, Canterbury ou Windsor, par exemple. Après quelques mois en Angleterre, lors de ce troisième séjour au pays, au cours duquel je ferais quelques visites à Londres, je me suis dit que le temps était venu.
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Her Majesty's Royal Palace and Fortress est le nom officiel de la Tour de Londres, qui est, contrairement à la croyance populaire, un palais royal fortifié - donc une résidence pour les monarques - et non une simple tour, ou encore juste une prison.


Ce qui donne son nom à la Tour de Londres, c'est cette construction-ci, sise en plein centre de la forteresse, et qui s'appelle White Tower, en raison du blanchiment des pierres la constituant. Ce donjon a été érigé originalement sur le site par William le Conquérant en 1078. Cet édifice était alors l'un des plus grand édifice du genre dans toute la chrétienté.


Cette porte (et le tunnel dont on voit une partie à droite en bas) s'appelle Thomas Gate, probablement nommée ainsi en souvenir de Thomas More, un des plus célèbre prisonnier de la Tour de Londres, emprisonné là sous le règne de Henry VIII après avoir refusé de renier son allégeance à la religion catholique en faveur du Roi, à l'époque où Henry effectuait son schisme avec Rome. [On excusera l'angle douteux de cette photo, mais je n'étais pas seul à visiter le château ce jour-là, et au moment de mon passage en ce lieu précis, un groupe accompagné d'un guide envahissait les lieux].


Thomas More était emprisonné dans cette tour, qui porte aujourd'hui son nom.
L'ensemble de la Tour de Londres est une série d'édifices composant le château, lui-même deux fois fortifié et entouré d'une douve. Après la construction de la Tour Blanche à la fin du 11e siècle, les autres ajouts ont été effectués jusqu'au 13e siècle, et ce que l'on voit lors de la visite serait essentiellement dans le même état depuis cette lointaine époque si ce n'avait été d'une période de délabrement et d'une restauration à l'époque victorienne.


Si la visite coûte relativement cher, la Tour en offre tout de même beaucoup au visiteur pour son argent. Animations, gens en costume, la liberté de circuler à sa guise partout dans le château, les édifices (White Tower, Bloody Tower, Crown Jewel, etc) et plusieurs salles offrent en plus des expositions thématiques comprenant de nombreux artéfacts. Dans cette pièce de la tour St-Thomas, dans une reconstitution de la chambre de Édouard I, un comédien nous informe de la vie dans la Tour à son époque. Je note l'amusante anecdote où il traite William Wallace (d'Écosse) non pas de héros mais de traître, en nous informant que les histoires qui en parlent comme un héros ne sont que de la propagande écossaise, un trait d'humour qui était particulièrement drôle pour qui visite Londres et Edimbourgh dans un court laps de temps.


Sur les fortifications, dont on peut explorer une grande partie à pied et libre de tout guide, on croise parfois des personnages historiques. Celui-ci semblait pressé - peut-être sa présence était-elle requise par la Reine? - mais a tout de même cédé le passage à Suze, en lui donnant du milady.


De temps à autres, on se souvient que Londres a été érigée sur les ruines de la cité romaine Londinium. Des excavations ont permis de situer l'ancienne cité romaine et comme elle se trouvait sur le site actuelle de la Tour de Londres, quelques vestiges de fondations et de fortifications sont encore visibles. Ce mur, érigé au 12e siècle, par exemple, a une base qui date de l'empire romain.


Malgré les nombreuses histoires de décapitation à la Tour de Londres, rares sont les gens qui y ont été tués, la plupart étant exécutés sur Tower Hill, la colline non loin de la Tour. Par contre, quelques personnages historiques célèbres ont trouvé la mort dans la cour de la Tour, à Tower Green, dont Anne Boleyn, alors Reine d'Angleterre, exécutée sous les ordres de Henry VIII. Un monument marque aujourd'hui l'endroit où ces exécutions ont eu lieu.


À l'époque, on enterrait simplement les coupables non loin du lieu d'exécution, sans pierre tombale ou signe particuliers. Sous le règne de Victoria, la reine, déprimée de l'état des lieux, a commandité une restauration et un nettoyage de la Tour, pour lui rendre son éclat original. Son intérêt pour l'histoire d'Anne Boleyn l'a fait également commanditer des fouilles pour que certaines des personnes exécutées sous Henry VIII reçoivent une sépulture honorable, ce qui fut fait. Depuis ce temps, ils reposent dans cette chapelle à l'intérieur du château, sous une pierre tombale.


Les édifices derrière la Tour Blanche (que l'on voit ici en gros plan, mais dont on avait une vue d'ensemble deux photos plus haut) servaient à abriter la garnison. Aujourd'hui, ils abritent les joyaux de la couronne britannique, que l'on peut admirer après avoir traversé une exposition thématique sur leur histoire, leur conception et leur évolution. (Je ne savais pas, par exemple, que les joyaux avaient été entièrement détruits lors de la révolution, et que les joyaux actuels datent donc, pour les parties plus anciennes, de la restauration sous Charles II).


Un des gardes traditionnels de la Tour de Londres, qui sont appelés Beefeater (non, ça ne vient pas de la célèbre marque de dry gin, c'est l'inverse). En fait, personne ne sait d'où vient le nom de Beefeater pour désigner ces gardes. L'un d'eux nous a confié qu'il existe des dizaines d'histoires - aussi farfelues que valides les unes que les autres - sur la provenance du nom. Lui a retenu celle voulant que pour avoir des gardes assez costaud, on les nourrissait bien, et préférablement avec de la viande, d'où leur surnom de mangeur de boeuf.


De la cour intérieure du château, on peut voir le Tower Bridge, que certains animateurs qualifient avec humour d'horreur victorienne, de leur point de vue médiéval.


Parmi les nombreuses et intéressantes expositions qu'offre la Tour de Londres, on notera celle sur les armes et armures au fil des siècles, dont la partie médiévale demeure la plus intéressante. Ici, la véritable armure d'Henry VIII, une pièce maîtresse de la collection.


Entre les deux rondes de fortifications du château... à la pluie, puisque nous sommes à Londres. Le dernier monarque à avoir officiellement résidé dans la tour serait Charles II en 1660, mais vu l'état de délabrement des installations, il aurait couché ailleurs malgré son départ de la Tour vers Westminster le jour de son couronnement.


Une des pires histoires concernant la Tour Blanche est celle de la découverte d'os de deux enfants en 1674 sous un escalier, pendant des rénovations apportées à la Tour. On a assumé qu'ils s'agissait des deux Princes emprisonnés dans le Tour sous Richard III, si on croit la version de l'histoire voulant que ce dernier aurait usurpé le trône en faisant exécuter les deux princes - et fils de son frère. Les restes des enfants ont donc été ensevelis à Westminster Abbey.


Vue de la chapelle St.Peter and Vincula où repose Anne Boleyn, captée de la Tour Blanche. Anne Boleyn a été exécuté sous Henry VIII, son mari, suite à une condamnation pour adultère, inceste et sorcellerie. Sous le règne de sa fille, Élizabeth I, elle a été vénérée à titre de martyr et héroïne de la réforme de l'église d'Angleterre. La chapelle actuelle date de 1520 et a justement été construite sous le règne de Henry VIII. À part Anne, d'autres personnages célèbres y sont enterrés, dont son frère George Boleyn, Thomas More, Catherine Howard (elle aussi femme de Henry VIII) et Jane Grey (Reine pendant neuf jours).


Cette vue de la cour du château permet d'apprécier l'étendue de celui-ci. Les maisons que l'on peut voir le long de la première forteresse constituent justement la "maison de la reine", une construction commandée par Henry VIII pour Anne Boleyn... mais qui a été terminée après l'exécution de cette dernière. Depuis, plusieurs personnes ont affirmé avoir vu son fantôme à la Tour de Londres.
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2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je prépare une visite à la Tour de Londres pour une classe de découverte avec mes élèves. Merci pour ces précieuses informations. C'est passionnant. Puis-je utiliser vos photos pour faire un jeu de piste? En vous remerciant de votre réponse.

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  2. Bonjour Céline,
    Je ne vois aucun inconvénient à l'utilisation privée de ces photos, dans le cadre d'un jeu de piste pour les élèves de votre classe.
    (En autant qu'il n'en sera fait aucun usage commercial).
    Merci de votre intérêt.
    Hugues
    p.s. vous pouvez aussi m'écrire en privé, si vous avez des questions, mon courriel est accessible en haut à gauche du blog, section 'écrire à l'Esprit Vagabond'.

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