mardi 3 juillet 2012

Influences, quotidiens et conflit étudiant: chiffres

La firme Influence Communication vient de publier Analyse des premières pages (unes) des quotidiens La Presse, Le Journal de Montréal, Le Devoir et The Gazette.
Dans ce document, que l'on peut consulter ici, on peut voir le conflit à travers des statistiques des premières pages des quatre quotidiens payants de la région de Montréal pour la période allant du 15 février au 9 juin.
Je vous laisse consulter si c'est votre tasse de thé, mais je retiens quelques statistiques comparatives intéressantes de cette analyse.
Le conflit a fait la Une de 3 des grands quotidiens dans 73-74% de leur publications. L'autre quotidien a fait sa une avec le conflit dans seulement 58% de ses numéros. Ce dernier est évidemment Le Journal de Montréal, qui a aussi attendu neuf jours de plus que les deux autres journaux francophones pour mettre une manchette sur le conflit en première page.
Cet élément n'est pas si étonnant, mais si on le combine aux images jumelées à ces manchettes en premières pages, le journal de Quebecor lance un message bien différent des autres. En effet, 40% de toutes les Unes du Journal de Montréal pendant cette période montraient des manifestations avec signe de violence ou des manifestants masqués. Ce pourcentage est de 15% à The Gazette, 18% au Devoir et de 26% à La Presse. Au niveau des personnalités du conflit, le Journal de Montréal a placé en Une exclusivement les politiciens, jamais un leader étudiant. La Presse a publié trois fois plus de photos de politiciens en première page que de photos de leaders étudiants. Le Devoir pratiquement le même nombre de politiciens et leaders et The Gazette a peu montré de leaders étudiants, mais jamais de politiciens en rapport avec le conflit.
Le journal de Quebecor est aussi celui qui a le plus fait de la place en Une aux autres intervenants, réservant ainsi sa manchette en première page à Jacques Villeneuve et Gilbert Rozon, par exemple [Rappel de comparaison; aucun leader étudiant].
Mais ce qui dérange un peu, c'est que globalement, 45% des premières pages de ces quotidiens illustrant le conflit par des photos de manifestations montraient des signes de violence. On sait bien que la véritable violence a été bien plus rare que ça dans l'ensemble des plus de 200 manifestations dont Montréal a été le théâtre. Les journaux, peu importe leur orientation et leur sérieux, ont donc réellement une forte tendance à se tourner vers le sensationnalisme en Une pour faire vendre des copies; cette statistique en fait la démonstration en ce qui concerne le conflit étudiant.
Par exemple, 71% des photos de manifestations en Une du Journal de Montréal montraient des signes de violence, par comparaison à 52% pour La Presse et 33% pour Le Devoir. Ainsi, quand on parle manif en Une, au Journal comme à La Presse, dans plus de la moitié des cas (près des trois-quart au Journal), on parle de violence. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes.
Évidemment, cette tendance, lourde, a donné une image biaisée du conflit et des manifestations. Quand on sait que ce biais a définitivement favorisé la ligne de conduite adoptée par le Parti Libéral qui voulait diaboliser les étudiants et les manifestants en général, on ne peut que conclure que ces manchettes de journaux l'ont très bien servi. Car l'influence qu'exercent les premières pages sur l'opinion publique a nettement favorisé la rhétorique du Parti Libéral tout au long du conflit.
Les journalistes de ces quotidiens se défendront en mentionnant les textes, les éditoriaux, le nombre de chroniqueurs pro-hausse ou contre la hausse, mais cette image frappe, car elle attire, est en grand format et touche tous ceux qui voient le journal, pas seulement ceux qui le lisent.
En fin de document, on peut consulter quelques exemples de premières pages, où l'on notera les genres de mots utilisés dans les manchettes. Chez les journaux francophones. Chaos, Une manif qui coûte cher (Journal de Montréal), Zone de combat, Intraitables, Le fossé (La Presse), Imagination au pouvoir, Étudiants et policiers entre les matraques et les roses, Ras-le-bol des idées néo-libérales (Le Devoir).
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